Pourquoi les universitaires hésitent-ils à travailler dans l’industrie ?

Quelle est ta formation ? Qu’est-ce qui t’a incité à poursuivre une carrière dans la découverte de médicaments ?

Après avoir obtenu une maîtrise en chimie organique en Iran, j’ai déménagé au Canada pour passer mon doctorat et rejoindre un groupe de chimie verte et de chimie des produits naturels à l’Université de Saskatchewan à Saskatoon. Vers la fin de mon doctorat, j’ai commencé à m’intéresser à la chimie des plantes et j’ai donc décidé de rester dans ce groupe pendant encore deux ans et demi dans le cadre d’une bourse postdoctorale. J’ai ensuite déménagé dans la belle ville de Montréal pour entamer le prochain chapitre de ma vie avec mon tout premier emploi dans l’industrie chez NuChem Sciences.

Comment s’est passée la transition entre le monde universitaire et l’industrie ?

Il est très stressant de passer du monde universitaire à l’industrie. Lorsque je faisais mon postdoc, les gens pensaient que dans l’industrie, on effectuait un travail routinier, que quelqu’un vous donnait une procédure pour aller de A à B à C. Les gens veulent avoir la liberté de faire de la recherche par eux-mêmes et de contribuer, et c’était la même chose pour moi. À l’époque, je n’avais aucune connaissance à propos des carrières dans l’industrie, mais c’était la meilleure option pour passer à autre chose après mon postdoc.

Aujourd’hui, avec le recul, même s’il a été difficile de passer à l’industrie, c’était la bonne décision. À NuChem, nous disposons d’une grande liberté et d’un très bon environnement pour grandir, apprendre et acquérir de l’expérience. Nous disposons de nombreuses installations et de nombreux équipements, et nous avons accès à un grand nombre d’outils différents pour faire de la chimie. 

Qu’est-ce que le programme des ambassadeurs ?

NuChem a lancé le programme des ambassadeurs pour établir des liens avec les universités. Chaque année, nos ambassadeurs se rendent dans des universités à travers le Canada pour parler aux étudiants. Nous les informons des possibilités de travailler dans l’industrie et leur expliquons pourquoi la transition entre le monde universitaire et l’industrie n’est pas ce qu’ils croient. Nous leur expliquons ce qu’ils peuvent faire et apprendre chez NuChem Sciences, et nous parlons de l’expérience spécifique qu’ils peuvent acquérir.

Lorsque tu joues le rôle d’ambassadeur NuChem à l’Université de Saskatchewan ou dans une autre école, y a-t-il des questions que les étudiants posent fréquemment ?

Beaucoup d’étudiants posent les mêmes questions : « Comment se passe le travail dans l’industrie ? Le travail est-il stressant ? Comment fait-on pour respecter les délais ? Quelle est la marge de manœuvre dont vous disposez ? J’explique que pour moi, tout est beaucoup plus facile dans l’industrie que dans le monde universitaire. Vous disposez de plus d’installations et d’équipements ; vous avez plus de liberté que dans le monde universitaire. Je pense que lorsque vous savez que vous travaillez sur quelque chose de concret, que votre composé va être testé et peut devenir un futur médicament, et que vous allez voir le résultat de ce que vous faites, cela vous motive.

Quelles sont les fausses idées que les chercheurs universitaires se font du travail dans l’industrie ?

Les universitaires pensent souvent à tort qu’ils seront limités à une seule tâche en travaillant sous les ordres de quelqu’un d’autre et qu’il n’y a pas beaucoup de possibilités d’évolution dans un poste dans l’industrie.  Mon expérience m’a appris que ce n’est pas le cas. Chez NuChem Sciences, chacun est libre d’apporter des idées différentes, de proposer de nouvelles réactions ou d’utiliser de nouveaux réactifs. Les directeurs et les superviseurs sont prêts à écouter et à soutenir les gens.

Les délais et les heures supplémentaires sont une autre source d’inquiétude. Cependant, d’après mon expérience, avec l’équipement, les ressources et l’équipe formidable dont nous disposons à NuChem, nous pouvons tout préparer avant la date limite pour les clients, sans avoir à faire d’heures supplémentaires.

Enfin, les gens pensent que travailler dans l’industrie est stressant ! Cela n’a pas de sens, car dans l’industrie, on travaille en équipe et on a collabore avec de nombreuses personnes talentueuses qui peuvent nous aider à tout moment. Rien à voir avec l’autonomie et parfois l’isolement que doivent affronter les doctorants et post-doctorants.

Quelles sont les possibilités d’évolution de carrière chez NuChem Sciences ?

Chez NuChem, nous avons des évaluations en milieu et en fin d’année. La partie la plus importante de chaque évaluation est votre connaissance et votre productivité dans la chimie que vous pratiquez ; cependant, l’évaluation comprend également d’autres responsabilités qui aident l’entreprise à se développer. Dans mon cas, par exemple, je fais de la chimie, mais je suis aussi gestionnaire de laboratoire et ambassadeur de l’Université de Saskatchewan. 

Les promotions dépendent de l’expérience, de la productivité, de la contribution aux projets, etc. Certaines personnes sont promues au bout d’un an, d’autres au bout de cinq ans. Lorsque vous atteignez le niveau de scientifique principal, vous devez être en mesure de superviser des personnes et de diriger une équipe ; vous devez donc avoir de l’expérience en tant que chef d’équipe. Les évaluations porteront sur votre capacité à diriger ces équipes et sur les efforts que vous consacrez aux projets.

NuChem apporte un réel soutien et aide les gens à évoluer s’ils le souhaitent. Nous proposons de nombreux cours en ligne sur la chimie médicinale et la biologie qui aident les chimistes qui n’avaient pas de formation en biologie auparavant. Il existe également un cours en ligne sur les présentations, utile pour les chefs d’équipe. L’entreprise envoie des personnes à des conférences pour que nous soyons au courant des dernières nouveautés en matière de chimie. Elle a également envoyé des chefs d’équipe suivre un cours sur les compétences essentielles en matière de gestion, qui est utile aux nouveaux cadres et aux cadres en développement qui souhaitent acquérir les meilleures pratiques pour réussir dans la gestion des personnes et des ressources humaines.

Qu’est-ce que c’est que d’être chef d’équipe ?

Pour chaque projet chez NuChem, il y a un directeur de haut niveau avec un chef d’équipe qui est responsable de la supervision des personnes travaillant sur un projet et également de la gestion de la chimie de ce projet. Le chef d’équipe s’occupe essentiellement de l’équipe, de la communication avec les clients, de l’organisation des réunions et de la communication avec les clients et de l’évaluation de tous les chimistes, scientifiques et associés de recherche de l’équipe. En plus de superviser la chimie de l’équipe, le chef d’équipe aide les membres de l’équipe à rester organisés et à s’assure que tout se passe bien. 

Quel est ton style de management ?

Quel que soit mon niveau ou mon poste, j’essaie d’entretenir des relations amicales avec tous les membres de mon équipe et avec les autres collègues. L’organisation est importante pour moi et elle est nécessaire dans notre travail de chimiste. Il est important de prendre le temps de s’occuper de toutes ses responsabilités lorsque l’on a beaucoup à faire. Le manque d’organisation vous conduira à ignorer certaines de vos responsabilités, ce qui ne sera pas bon pour vous et pour le projet que vous dirigez. Chaque soir, avant de partir, j’écris mon plan pour le lendemain. Ainsi, lorsque j’arrive au travail le matin, je sais ce que j’aurai à faire.

Quelle est l’importance de l’organisation pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

Pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, surtout en tant que chimiste, il faut être bien organisé car la chimie est imprévisible. Lorsqu’on prépare une réaction, on ne sait pas si elle prendra une heure, deux heures ou dix heures. Je pense que les premières heures de la journée de travail peuvent avoir un effet significatif sur le reste de la journée. Le fait d’être organisé vous aide à établir un programme réaliste pour vous-même en ce qui concerne le moment où vous serez au travail et le temps que vous vous accordez à vous-même et à votre vie.

Comme je l’ai mentionné, chaque jour, lorsque j’arrive au travail, j’ai une série de petits objectifs. Il y a une note sur mon ordinateur portable où j’ai écrit tout ce que je dois suivre et accomplir ce jour-là. Grâce à cette note, je peux préparer mon emploi du temps chaque matin pour faire ce qui est nécessaire ce jour-là. Je peux dire que j’ai un très bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Je n’ai pas l’habitude de rester très tard au travail car j’essaie de commencer tôt le matin chaque jour afin de pouvoir terminer mes tâches et ma « liste de choses à faire » à temps.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la chimie organique et médicinale ?

En tant que chimiste organicien, ce que j’aime vraiment, c’est créer une nouvelle molécule qui pourrait potentiellement sauver des vies. Cela implique que j’aime forcément travailler dans la laboratoire et réaliser des expériences. Parfois, on est pris par le temps et les heures passent vite. Même après avoir passé quatre ou cinq heures au laboratoire, on n’est pas fatigué. J’aime beaucoup cette partie parce que j’essaie toujours de voir quel sera le résultat. Dans la plupart des cas, nous fabriquons un nouveau composé ou une nouvelle partie de la molécule. Je trouve fascinant de voir les résultats et de voir comment ce que vous, en tant que chimiste médicinal, avez fabriqué en laboratoire peut changer la vie d’un patient.

J’aime aussi me tenir au courant de l’actualité de la chimie et de la chimie médicinale. Chaque jour, en arrivant au travail le matin, je prends ma tasse de café et, tout en la savourant, je parcours les ressources numériques consacrées à la chimie organique et à la chimie médicinale pour m’assurer que je suis au courant des nouveautés.

En quoi consiste le métier de chasseur de médicaments ?

Travailler dans le domaine de la chasse aux médicaments est extraordinaire car tout le monde possède un haut niveau d’expérience et de connaissance de la chimie médicinale et de la chimie organique. Nous travaillons sur la découverte de médicaments à un stade précoce, ce qui est une partie très importante du processus. Lorsque j’ai rejoint NuChem, je travaillais dans une équipe en charge d’un projet pour la synthèse d’un composé destiné au traitement du cancer, qui en est maintenant à la phase clinique 2, c’est-à-dire très, très près de devenir un médicament. Cela me motive énormément à continuer, à aller de l’avant et à aimer ce que je fais dans mon travail.

Quand as-tu commencé à t’intéresser à la chimie ?

Au lycée, j’ai commencé à étudier la chimie, mais à l’époque, cela ne m’intéressait pas vraiment et je ne pensais pas que la chimie deviendrait mon métier à l’avenir. Les parents veulent souvent que leurs enfants deviennent médecins, ingénieurs ou fassent une carrière de ce genre. J’ai donc également pensé à ces options lorsque j’étais lycéen. À l’université, j’ai commencé à m’intéresser à la chimie organique et j’ai obtenu une maîtrise en chimie organique pure. Pendant cette période, j’ai réalisé que j’aimais vraiment la chimie organique et que je voulais en faire mon métier.

Le problème, c’est que je ne voulais pas être un chimiste organique pur. Il était important pour moi d’avoir des connaissances en chimie organique et de voir l’application de ce que je synthétisais en laboratoire. J’ai donc décidé d’intégrer un groupe de chimie verte et de chimie des produits naturels pour mon doctorat, car j’y ai trouvé une combinaison de chimie organique et de biologie. J’y travaillais sur les défenses chimiques des plantes. Pendant mon doctorat, j’ai effectué un travail très similaire à celui que je fais maintenant, et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que c’était ce que je voulais vraiment faire à l’avenir.

J’aime la chimie médicinale que nous pratiquons actuellement, car chaque fois que nous synthétisons un nouveau composé pour le client, il le teste et nous renvoie les résultats des essais.  Il est très gratifiant de voir les résultats, surtout lorsque le composé est puissant. La chimie organique me passionne énormément mais j’apprécie particulièrement lorsque la biologie lui donne du sens concret quand je vois les résultats de ce que j’ai synthétisé en laboratoire. C’est pourquoi la chimie médicinale est mon travail préféré à l’heure actuelle.

Quelle est la découverte de médicaments la plus intéressante selon toi ?

Tous les médicaments sont intéressants parce que les gens en ont besoin. Des médicaments comme la pénicilline et l’insuline changent encore la vie, même des décennies après leur découverte. Vivre sans ces médicaments est impossible pour les personnes qui en ont besoin. L’un des médicaments les plus intéressants pour moi est le méthotrexate, également connu sous le nom d’améthoptérine, qui a été découvert en 1956 pour traiter le cancer. Je n’ose imaginer l’importance de ce médicament pour les personnes qui souffraient d’un cancer à l’époque. Depuis, il a aussi été utilisé et enregistré dans le traitement de maladies auto-immunes, dont le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, la pseudo polyarthrite rhizomélique, la granulomatose de Wegener, la maladie de Crohn et la sclérose en plaques.

Comment s’est passée la transition entre l’Iran et la Saskatchewan, puis le Québec ?

Il a été extrêmement difficile de quitter l’Iran. Il est difficile de quitter sa famille et ses souvenirs d’enfance pour aller dans un autre pays. La distance est énorme ; il faut environ un jour et demi pour aller du Canada à l’Iran et vice versa. Il n’est donc pas facile de s’y rendre. Lorsque vous quittez votre maison pour aller dans un autre pays, vous devez réfléchir à ce que cela va vous apporter. Pour nous, il s’agissait de réaliser nos rêves, d’aller là où nous pouvons travailler sur ce que nous voulons vraiment, avec toutes les installations, l’équipement et l’accès à tout ce dont nous avons besoin pour effectuer notre travail et construire notre avenir.

Lorsque j’ai déménagé au Canada, je me suis installé à Saskatoon, une petite ville. C’est un excellent point de départ pour les étudiants, car la ville n’est pas chère et vous pouvez vous concentrer sur vos études et votre doctorat. Pour ce qui est du travail et de l’apprentissage, on y trouve tout ce dont on a besoin. J’ai vraiment apprécié mon séjour à Saskatoon.

Le temps était venu de passer à autre chose que d’être étudiant et de penser à des choses comme un emploi permanent et une maison. Déménager de Saskatoon a été difficile au début. La ville de Montréal est plus peuplée et plus chère que Saskatoon. Cependant, ma femme et moi voulions vivre dans une plus grande ville. Nous avons été étonnés de voir des gens marcher sur la rue Sainte-Catherine après minuit lorsque nous avons déménagé à Montréal pour la première fois.  Actuellement, nous vivons au centre-ville parce que nous aimons être entourés de gens et de centres commerciaux et avoir tout à portée de main.

Comment se passe le travail en équipe chez NuChem Sciences par rapport à l’Université où l’on est plus seul ?

L’environnement à NuChem est vraiment bon, amical. C’est un endroit multiculturel avec des gens du monde entier. Tout le monde est d’un grand soutien et d’une grande aide. Il y a des gens en qui vous pouvez avoir confiance et à qui vous pouvez parler si vous avez des problèmes en chimie ou dans votre vie. On apprend aussi beaucoup sur les différents pays. J’adore cela.

À l’école, vous êtes seul responsable de l’élaboration d’une idée ou d’une proposition. Si vous commettez une erreur, vous devez passer beaucoup de temps à revenir en arrière et à repartir de zéro. Mais lorsque vous faites partie d’une équipe, vous avez accès à de nombreuses bonnes idées de l’ensemble de l’équipe, ce qui vous permet d’éviter ces erreurs.

Je pense que le travail d’équipe est l’une des raisons du succès de NuChem. Une seule personne risque de rater quelque chose. Mais dans une équipe, si une personne a une faiblesse dans sa proposition, un autre membre de l’équipe la transformera en quelque chose de meilleur. Le travail d’équipe est vraiment important. Nous nous réunissons chaque semaine pour discuter de chimie et si quelqu’un a un problème, l’équipe l’aidera à le résoudre.

Travailler avec une équipe de scientifiques de classe mondiale en un seul endroit est vraiment bénéfique. NuChem a constitué une équipe de scientifiques incroyable grâce à un processus minutieux de recherche de personnes talentueuses et de soutien par le biais de cours et de formations continues.  NuChem investit beaucoup de temps et d’efforts dans les personnes afin de les aider à améliorer leurs compétences et à faire évoluer leur carrière dans la meilleure direction.

Quelle importance accordes-tu à la poursuite de ton rêve ? Y a-t-il des possibilités d’évolution de carrière chez NuChem ?

Il est extrêmement important de poursuivre son rêve. Je poursuis toujours mon rêve. Je travaille toujours pour atteindre le niveau que je souhaite et je fais de mon mieux pour y parvenir. Je me tiens au courant de la chimie et de tous les aspects de ce que je fais.  Je suis des cours en ligne et je passe du temps à apprendre pour pouvoir avancer. Chez NuChem, si vous avez besoin d’un cours spécial, d’une formation spéciale ou de quelque chose qui n’est pas prévu dans le plan habituel, ils sont toujours ouverts aux demandes spéciales. Ce que je ressens chez NuChem, c’est que tout le monde essaie d’aider les autres à réussir. C’est la raison pour laquelle l’entreprise est prospère. La direction aide les employés et les employés aident la direction. Chez NuChem, tout le monde collabore et travaille en équipe.

L’environnement est vraiment positif et agréable. Pour avoir une équipe de scientifiques de classe mondiale, il ne suffit pas de trouver des gens talentueux. Il faut investir en eux et les soutenir, et c’est ce que fait NuChem. L’entreprise offre l’environnement idéal pour que les gens s’épanouissent.

Quelle est ta citation ou réplique préférée d’un film, d’un livre ou d’autre chose ?

J’aime beaucoup la citation de William Forrester dans le film Finding Forrester : « Nous nous éloignons de nos rêves de peur d’échouer ou, pire encore, de peur de réussir ».

Quel conseil donnerais-tu à un jeune scientifique ou à un étudiant ?

N’abandonnez pas et continuez. Si vous ne poursuivez pas ce que vous aimez vraiment et ce que vous voulez faire, vous ne l’aurez jamais, vous ne le verrez jamais dans l’avenir. N’ayez pas peur de ce qui se passe, ni de la difficulté ou du temps que cela va prendre, mais foncez. C’est ce que je me dis toujours.  Si vous n’allez pas chercher ce que vous voulez, vous ne l’aurez jamais.