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Travailler dans un laboratoire de chimie au Canada, un rêve devenu réalité.

Une conversation avec Claire Chatalova, Ph.D.

Nous avons parlé avec Claire Chatalova de sa passion pour la chimie organique et des raisons pour lesquelles elle aime résoudre des problèmes au quotidien.

Dans cet entretien, Claire parle du professeur qui a éveillé son intérêt pour la chimie, des professeurs qui découragent les femmes de poursuivre des études supérieures en STIM, et de l’environnement favorable qu’elle a trouvé à NuChem Sciences – une entreprise de Sygnature Discovery. Claire parle franchement des préoccupations des femmes qui envisagent de travailler en laboratoire et de la façon dont elle a pu faire avancer sa carrière et fonder une famille.

Quelle est ta formation ? Qu’est-ce qui t’a incitée à poursuivre une carrière dans la découverte de médicaments ?

Au lycée, je me souviens d’une professeure qui faisait une simple expérience de chimie consistant à jeter un morceau de sodium dans de l’eau, ce qui faisait des flammes et changeait le pH et donc la couleur de l’indicateur coloré. C’était fantastique ; je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Ce n’est certainement pas ce que je fais maintenant, mais c’est ce qui m’a fait penser à la chimie.

J’ai commencé à m’intéresser à la chimie organique en école d’ingénieur (M.Sc. au Canada). Dès le début de mes études de chimie, j’ai trouvé tellement amusant de résoudre des énigmes de chimie que je n’ai jamais envisagé autre chose. Dans les écoles d’ingénieurs, on se spécialise dans différents types de chimie, comme la chimie des procédés, la chimie environnementale ou la formulation de produits cosmétiques. Mais pour moi, la résolution de problèmes en chimie organique était ce qu’il y avait de mieux.

En ce qui concerne la découverte de médicaments, lorsque j’ai vu ce qui se faisait dans le secteur pharmaceutique pendant mon stage chez Boehringer en Allemagne, j’ai compris que j’avais trouvé ma voie. Mon superviseur m’a dit que pour y parvenir, j’avais besoin d’un doctorat.

Après mon stage, j’ai eu l’occasion de partir à l’étranger, et il m’a semblé que c’était une opportunité fantastique d’aller au Canada. Je suis donc allée à Vancouver où j’ai réalisé mon doctorat afin de pouvoir travailler dans l’industrie pharmaceutique. C’est amusant que je me sois retrouvée au Canada, parce qu’un ami au lycée (secondaire) m’avait alors conseillé McGill pour étudier la chimie. À l’époque, l’idée d’aller au Canada pour faire de la chimie me semblait lointaine, mais aujourd’hui, 20 ans plus tard, je travaille dans la chimie au Canada !

Qu’est-ce qui t’a décidée à rejoindre NuChem ?

Mon conjoint a obtenu un emploi chez OmegaChem (acquis par NuChem Sciences en 2021). Lorsque j’ai terminé mon doctorat, j’ai donc passé un entretien, et me voilà. Pour moi, travailler pour une ORC était une façon différente de travailler pour l’industrie pharmaceutique. Nous participons à la découverte de médicaments, mais à un autre stade.

Je pense que la chimie que nous pratiquons est tout aussi gratifiante que celle que l’on pratique dans une entreprise pharmaceutique. Nous avons l’occasion de voir beaucoup de chimie, et la quantité de réactions que nous pouvons faire, de structures que nous pouvons synthétiser, est très large. J’ai vu plus de chimie en six ans à NuChem qu’au cours de toute mon expérience antérieure, y compris mon doctorat.

À quoi ressemble une journée typique pour toi ?

Mes journées consistent à faire avancer un grand nombre de projets différents en même temps, en veillant à ce que tout progresse à la bonne vitesse. Quatre chimistes travaillent directement sous ma supervision. En général, lorsque j’arrive, la première chose que je fais est de répondre aux besoins des clients ; je vérifie si je dois répondre à des courriels ou s’il y a des demandes de clients dont je dois m’occuper rapidement. Ensuite, je me renseigne sur les besoins des membres de l’équipe. Je leur demande s’ils ont besoin d’aide pour leur chimie ou s’ils ont besoin de quelque chose de ma part.

Une fois que j’ai réglé toutes les tâches administratives, je me concentre sur ma chimie et je vais au laboratoire. Je m’installe, j’effectue quelques purifications, puis je procède à une vérification rapide pour m’assurer que tout est en ordre.

Comment décrirais-tu ton style de gestion ou de leadership ?

La collaboration est importante. Nous essayons donc d’encourager les gens à se parler, car il y a toujours quelqu’un qui a fait quelque chose de similaire et qui peut donner des conseils. Mon style de management consiste donc à savoir ce que chacun fait afin de pouvoir orienter chaque chimiste vers la bonne personne à qui demander des informations.

Je pense aussi qu’il est important d’avoir une bonne ambiance, alors j’essaie de garder un certain humour. La chimie peut être très difficile. Il y a beaucoup d’échecs, qui font partie du processus d’apprentissage, mais il peut parfois être décevant pour un chimiste de travailler pendant un mois ou deux sur un projet et de ne pas obtenir les résultats qu’il espérait.

Il faut savoir faire la part des choses entre la plaisanterie et l’exigence. NuChem est reconnu comme une ORC de très grande qualité parce que les gens y font de l’excellent travail. Je m’attends donc à ce que les gens soient rigoureux et fassent des analyses appropriées, afin que le travail que nous présentons au client soit toujours de la plus haute qualité possible.

Comment NuChem a-t-elle pu constituer cette équipe de scientifiques de classe mondiale ?

Je pense que les choses ont évolué au fil des ans. L’entreprise s’est beaucoup développée au cours des deux ou trois dernières années grâce à de bonnes références. Si vous avez un très bon chimiste qui peut recommander quelqu’un, vous êtes déjà bien parti. Comme vous savez que les normes de votre employé sont élevées, la personne qu’il va recommander le sera probablement aussi.

Nous recrutons beaucoup dans les universités du Québec, où le niveau de connaissances est très élevé. Nous faisons également de la sensibilisation en participant à des événements étudiants et en organisant des symposiums pour que les jeunes scientifiques nous rencontrent et apprennent à connaître l’entreprise. Cette implication de l’industrie permet à NuChem de se forger une réputation et d’attirer des scientifiques talentueux.

Quelle est la différence entre un scientifique travaillant dans l’industrie de la découverte de médicaments et un scientifique travaillant dans le milieu universitaire ?

La découverte de médicaments est un choix de carrière intéressant pour les étudiants qui, après un doctorat, ont parfois une vision négative de l’industrie et en particulier des ORC. Lorsque je recrute, je saisis l’occasion d’expliquer que l’apport intellectuel que vous fournissez dans une ORC est tout aussi important que celui que vous apporteriez dans le milieu universitaire.

Beaucoup d’étudiants pensent qu’il est moins gratifiant d’aller dans l’industrie parce que tout le monde veut aller dans le monde universitaire et obtenir un poste de professeur, et ils pensent que c’est la voie royale après un doctorat ou un postdoc. Mais je dois dire que le travail dans l’industrie, en termes d’apprentissage et de contribution intégrale, est tout aussi stimulant que le travail universitaire.

Dans une ORC, vous contribuez à la découverte de médicaments et vous vous efforcez de résoudre des problèmes au quotidien. Vous obtenez ces cibles pour lesquelles aucune synthèse n’était décrite. Parfois, vous pensez à quelque chose que vous avez fait pendant votre doctorat, votre postdoc ou votre maîtrise, et c’est ce qui fera la différence pour atteindre la cible. Même si nous ne représentons qu’une petite partie du processus de découverte de médicaments, nous contribuons de manière significative au succès de nos clients.

Quel est le défi que tu as dû relever lorsque tu es passée du monde universitaire à celui d’une ORC ?

Notre travail étant très collaboratif, il faut apprendre à travailler avec beaucoup de personnes différentes. Les scientifiques sont un type spécifique de personnes, et vous pouvez rencontrer des personnalités particulières, mais lorsque vous trouvez le bon mélange, tous les différents types de personnes travaillent ensemble. L’une des choses que j’apprécie le plus dans mon travail, c’est la diversité des personnes en termes de culture et d’âge. Parfois, nous rions vraiment beaucoup dans le laboratoire. L’atmosphère de travail agréable est l’une des choses que j’apprécie le plus dans mon travail.

Le laboratoire, c’est un peu comme aller dans les tranchées pour obtenir sa molécule. C’est difficile, ça échoue parfois, mais on noue des liens très forts avec ses collègues. Après avoir travaillé ensemble sur de nombreux projets et même quelques échecs, on peut parfois en plaisanter. C’est amusant.

Qu’est-ce qui te motive ?

La résolution de problèmes. J’aime bien rayer un objectif de la liste. C’est un travail sans fin, car dès qu’on en a terminé un, il en reste trois autres. Mais il y a un immense sentiment de fierté à mettre son composé dans un flacon, à savoir que l’on a développé de nouvelles synthèses, que l’on y est parvenu soi-même et que l’on a obtenu quelque chose qui va potentiellement faire la différence. C’est un type de résolution de problèmes très gratifiant que j’apprécie.

Je pense qu’il faut un état d’esprit particulier pour aimer la chimie organique, et c’est généralement la résolution de problèmes qui plaît aux gens. Je pense à la situation globale de la découverte de médicaments, en particulier lorsqu’un client nous fait part de l’impact que nous avons eu. C’est une excellente chose et nous devons de temps en temps réfléchir à la raison pour laquelle nous faisons notre travail quotidien. Mais ce qui me rend super excitée à l’idée d’aller travailler le matin, c’est de savoir que je vais résoudre de grands problèmes.

Qu’est-ce qui empêche les femmes de poursuivre des études supérieures en STIM ?

Il y a un manque de modèles, c’est certain. Je pense aussi qu’une fois que les femmes ont terminé leurs études de premier cycle, elles ne sont pas poussées au maximum de leur potentiel. C’est avant le doctorat que les femmes abandonnent généralement les STIM. Elles n’accèdent pas à un niveau supérieur. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Est-ce parce que les hommes sont encouragés à être plus compétitifs ? S’agit-il d’un trait de caractère qui est renforcé chez les hommes plus que chez les femmes, de sorte que les femmes ont l’impression qu’elles ne sont pas faites pour poursuivre un doctorat ?

Malheureusement, lorsque j’étais dans le monde universitaire, j’ai entendu des commentaires selon lesquels les femmes ne sont pas faites pour ce type de chimie parce qu’elles sont trop émotives. Certains professeurs ont dit qu’ils ne confiaient pas certains types de projets aux femmes parce qu’elles n’en avaient pas la force.

J’ai remarqué que cela dépend aussi du domaine. Je ne pense pas que l’on puisse généraliser tous les domaines des STIM, car en biologie, par exemple, on trouve beaucoup plus de femmes qu’en chimie organique. C’est peut-être l’atmosphère dominée par les hommes qui éloigne les femmes. J’espère que les choses ont changé depuis que je suis allée à l’université.

Quels sont les défis auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’elles travaillent dans le domaine scientifique ?

Je pense que l’une des limites de notre domaine est que si vous voulez fonder une famille, vous devrez prendre du recul par rapport au laboratoire. Parfois, votre carrière peut donc être un peu ralentie. Contrairement à un emploi de bureau, vous n’êtes pas autorisée à travailler dans le laboratoire pendant la grossesse, de sorte que vous serez absente pendant cette période, en plus du congé de maternité.

Je craignais de devoir m’absenter aussi longtemps, mais maintenant que j’ai deux enfants et que ma carrière est sur la bonne voie, je suis très heureuse. Je suis aujourd’hui superviseur, et si le fait de fonder une famille a un peu ralenti ma carrière, cela n’a pas eu beaucoup d’importance en fin de compte. J’ai pu rattraper mon retard dès mon retour. Les politiques de ressources humaines de NuChem ont été d’un grand soutien. Lorsque je suis revenue, c’était comme si je n’étais jamais partie.

Lors du recrutement, as-tu reçu des questions spécifiques de la part des femmes ?

Les femmes me demandent parfois comment l’entreprise s’adapte aux personnes qui souhaitent fonder une famille.  Elles posent également des questions sur l’évolution de carrière ; elles veulent savoir combien de femmes occupent des postes de direction. Les femmes ne veulent pas être limitées par le fait qu’elles sont en âge de procréer ; elles veulent une carrière. Elles demandent comment elles vont pouvoir concilier travail et famille/domicile. Je leur dis que chez NuChem, avoir une famille n’est pas un problème. Nous avons un très bon équilibre entre le travail et la vie privée. Je peux me donner à 110 % au travail et terminer à temps pour aller chercher mes filles à la garderie.

Les femmes ne sont pas les seules à poser des questions sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les hommes posent également des questions parce qu’ils ont une famille et d’autres centres d’intérêt. L’entreprise permet de très bien gérer son temps. Bien sûr, il y a des contraintes, mais l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est tout à fait réalisable.

À quoi ressemble l’environnement de travail chez NuChem ?

J’aime beaucoup la ville de Québec, mais pour être vraiment honnête, les beaux paysages de la Colombie-Britannique me manquent. Cependant, il y a certains aspects de la Colombie-Britannique ici. Par exemple, j’ai la chance d’habiter à 15 minutes du laboratoire, et il y a une piste cyclable qui part de chez moi et qui ne me prend que 25 minutes.

À Vancouver, j’étais au bord de l’océan Pacifique ; ici, je suis au bord d’une rivière, ce qui fait que mon trajet se fait toujours au bord de l’eau. C’est très agréable. Dans le bureau, nous avons des fenêtres qui donnent sur une forêt, et de l’autre côté de la forêt, il y a une rivière. On peut faire une promenade de cinq minutes dans la forêt et déjeuner au bord de la rivière.

Comment NuChem contribue à faire progresser ta carrière ?

Je suis reconnaissante des possibilités d’évolution de carrière offertes ici ; je pense que tout le monde l’apprécie. Je suis superviseur depuis un peu plus d’un an et certains des membres de mon équipe sortent tout juste de l’université. Il est gratifiant de les voir évoluer en tant que scientifiques.

L’entreprise est très à l’écoute des objectifs de carrière des employés, en particulier lorsqu’ils accèdent à des postes de direction. Il est important de reconnaître que les scientifiques ne sont pas des managers. La gestion est quelque chose qui s’apprend. Tout récemment, l’entreprise a dispensé 30 heures de formation approfondie à tous les cadres. Le fait d’avoir des managers qui ont été formés rendra nos équipes encore meilleures et contribuera à maintenir un bon environnement de travail.

Lors des sessions de formation que nous avons suivies récemment, nous avons appris à travailler avec différents traits de personnalité et à nous gérer nous-mêmes, car une grande partie de la gestion consiste à se connaître et à se préparer. Il est important de savoir comment impliquer les chimistes dans leur travail et les motiver pour qu’ils aient envie de s’améliorer. Dans une équipe performante, les gens doivent sentir qu’ils ont une mission au sein de l’entreprise.

Quelle est pour toi la découverte de médicament la plus intéressante de l’histoire ?

De nos jours, nous nous attaquons à des maladies tellement rares que je trouve très intéressant tout le processus d’affinage des résultats pour cibler une maladie spécifique. Bien sûr, les découvertes telles que les vaccins sont formidables, mais c’est le petit travail quotidien pour lutter contre des maladies existantes qui me motive. J’ai hâte de voir les progrès réalisés dans la lutte de la maladie d’Alzheimer. Je pense que c’est l’un des plus grands défis auxquels les chercheurs sont confrontés.