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Pourquoi la persévérance joue-t-elle un rôle crucial dans une carrière en chimie ?

Une conversation avec Clément Poittevin, scientifique principal I

Scientifique principal I chez OmegaChem, Clément Poittevin a découvert sa passion pour la chimie organique pendant ses études et ses stages en laboratoire en France.

Cette passion pour la chimie l’a encouragé à rechercher des opportunités de carrière stimulantes au Canada et lui a permis de traverser des moments plus difficiles en laboratoire.

Au cours de cet entretien, Clément nous parle du travail d’équipe et de la nécessité de faire preuve de persévérance face aux défis de la chimie, mais également de l’importance d’être passionné par son travail.

Comment avez-vous fait vos débuts en chimie et dans la découverte de médicaments ?

J’ai fait mes débuts en obtenant un diplôme de chimie à l’IUT de Grenoble. À ce moment, j’hésitais entre me spécialiser en analyse de l’eau ou en chimie organique. J’ai donc effectué des stages dans des laboratoires d’analyses. Et à la suite de ces stages, j’ai également travaillé dans ces laboratoires en tant que technicien pendant les mois d’été, ce qui m’a permis de mettre ma formation en pratique.

Après cette expérience, j’ai réalisé que la chimie organique m’attirait davantage.  J’ai donc poursuivi mes études à l’Université Joseph Fourier (aujourd’hui Grenoble I) et complété mon baccalauréat et une maîtrise en chimie organique. Là-bas, j’ai fait deux stages avec le professeur Jean-François Poisson qui fait partie du département de chimie de l’université. C’est là que j’ai découvert que j’aimais vraiment la recherche et j’ai commencé à développer ma carrière dans ce domaine.

J’ai poursuivi mes études au doctorat à l’Université de Bordeaux, où je me suis concentré sur la chimie radicalaire multicomposant avec le professeur Yannick Landais.

Après avoir complété mon doctorat, un de mes anciens collègues de l’Université de Bordeaux m’a mis en contact avec le professeur Pierre Deslongchamps de l’Université Laval.  Le professeur Deslongchamps est très connu au Canada où il est l’un des plus grands noms dans le domaine de la chimie. J’ai donc déposé ma candidature pour être chercheur postdoctoral à l’Université Laval où j’ai étudié la théorie des liaisons courbes dans le but de mieux comprendre la réactivité chimique des radicaux.

Ma relation avec OmegaChem a commencé avec le professeur Deslongchamps. Il travaillait en étroite collaboration avec l’entreprise et il a suggéré que ce serait peut-être une bonne idée pour moi de travailler dans le secteur privé. J’étais curieux de savoir ce que ce serait de travailler en dehors du milieu universitaire, d’autant plus qu’il peut être difficile de trouver ce genre de travail en France. Je souhaitais également faire de la recherche plus appliquée plutôt que de travailler avec de la théorie pure.

Cela fait maintenant sept ans que je travaille pour OmegaChem et j’habite au Québec depuis huit ans.

 

Vous avez évoqué la difficulté de trouver un tel emploi en France. Pensez-vous qu’il est plus facile de travailler dans ce domaine au Québec ?

Je suis venu au Canada parce que je voulais voyager et en apprendre davantage sur le monde. Cependant, il est vrai que les entreprises du secteur privé au Québec sont plus actives dans la recherche d’employés que les entreprises en France.

En France, il y a beaucoup de scientifiques hautement qualifiés en chimie qui possèdent des diplômes postdoctoraux. Cependant, ils ont encore du mal à trouver un bon travail dans des entreprises privées. Souvent, ces entreprises ne proposent que des contrats à court terme d’une durée maximale d’un ou deux ans. Donc, c’est assurément plus facile de trouver un meilleur emploi au Québec.

 

Quelle est votre spécialité chez OmegaChem ?

J’ai le titre de scientifique principal I et je travaille dans l’équipe de chimie médicinale. Je participe à la synthèse de petites quantités pour les premiers tests de biologie et nous envoyons ces quantités à nos clients.

En général, nos clients nous demandent la synthèse d’une molécule qui les intéresse et nous faisons toutes les recherches pour synthétiser cette molécule et la leur envoyer. Habituellement, nous synthétisons des quantités variant entre 10 et 20 milligrammes, car nos clients n’ont généralement pas besoin de grandes quantités à cette étape pour réaliser leurs tests. En plus de la synthèse, nous travaillons également sur d’autres projets et nous avons souvent besoin d’agir rapidement. On peut parfois être amené à réaliser des réactions sur des quantités plus importantes, les purifier, puis faire avancer ces produits.

 

Pour vous, qu’est-ce qu’une journée de travail typique ?

Dans une journée normale, j’arrive au travail et j’analyse les réactions démarrées la veille. Sur la base des résultats de ces réactions, je décide si je dois lancer d’autres réactions, puis je traite mes réactions et je les purifie.

Nous préparons des rapports pour nos clients toutes les unes à deux semaines selon leur préférence. À ce moment, j’examine le rapport de mon équipe et je le modifie au besoin. J’envoie ensuite le rapport à mon patron qui le partage avec le client. Même si j’ai un peu plus de responsabilités, je me considère toujours comme un membre de l’équipe avec mes autres collègues. Le travail d’équipe est extrêmement important pour moi.

Lorsqu’un client nous demande une nouvelle molécule, dans un premier temps, j’établie la voie de synthèse optimale et je regarde la disponibilité des produits de départ nécessaire pour cette synthèse. Nous partageons ensuite cette voie de synthèse avec les clients et discutons ensemble de quelles seraient les meilleures options.

La plupart du temps, le client pour lequel notre équipe travaille nous donne carte blanche pour proposer d’autres idées et résoudre les problèmes que nous rencontrons. Il est important que les clients nous fassent confiance, et nos clients le font. Parfois, ils nous envoient même des rapports d’autres OCR avec lesquels ils travaillent lorsqu’un résultat n’a pas fonctionné. Dans ce cas, nous résolvons le problème et leur envoyons un nouveau protocole. En bref, nous livrons les produits dont ils ont besoin et leur prodiguons quelques conseils si cela est pertinent.

 

Comment vous définiriez-vous ?

Je dirais que je suis une personne très soucieuse des détails et que je me concentre sur la recherche de solutions. Je suis aussi plutôt résilient. Même si une réaction ne fonctionne pas, elle peut toujours nous fournir de nombreuses données qui peuvent nous informer sur notre prochaine réaction. La chimie ne fonctionne pas toujours comme on s’y attend, mais je persévère et je ne baisse pas les bras.

 

Qu’est-ce qui vous a initialement attiré à travailler pour OmegaChem ? 

Je vivais déjà au Québec et je m’y sentais bien.  Je ne voulais pas déménager ailleurs. La nature est magnifique au Québec et il y a beaucoup de possibilités pour faire de l’escalade, du kayak et bien d’autres activités de plein air. Je préfère de loin vivre ici à Québec plutôt que de vivre dans une ville plus grande et plus urbaine.

OmegaChem connaît également une croissance rapide. Depuis que j’ai commencé à travailler pour l’entreprise, j’ai assisté à la construction de plusieurs nouveaux laboratoires et cela m’a inspiré. Alors que le marché des OCR continue de se développer, les sociétés pharmaceutiques auront davantage besoin de nous. Notre organisation est en pleine croissance afin de répondre aux différentes entreprises qui ont besoin de nos services.

 

Vous avez également remporté un prix pour votre travail. Parlez-nous-en !

Oui, j’ai gagné le prix « Innovation » chez OmegaChem en septembre 2020 ! Ils remettent ce prix une fois par an et je l’ai reçu en reconnaissance de mon travail et pour ma contribution à la synthèse totale pour un client. Ce client attendait ce produit avec impatience et il nous contactait tous les jours pour savoir comment les choses évoluaient ! J’ai donc proposé une nouvelle approche qui a abouti à un résultat positif.

 

Avez-vous un mantra personnel ? 

Vous devez aimer ce que vous faites. J’ai beaucoup de chance d’avoir une carrière qui me passionne.  Bien sûr, je continuerai à évoluer dans ma carrière vers un poste de gestion. Cependant, je continue à retirer beaucoup de plaisir de mon travail. Il est important d’avoir cette attitude car certains jours, les choses ne fonctionnent pas comme on le voudrait et nous devons nous rappeler pourquoi nous aimons notre métier.

 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune en chimie ? 

Je leur dirais de faire ce qu’ils aiment et je leur conseillerais aussi de persévérer. Le monde de la chimie peut être difficile et cela implique beaucoup de travail et de temps. Cependant, la patience et la persévérance en font une carrière enrichissante. C’est notre passion pour la chimie qui nous pousse à travailler dur et pendant de si longues heures. S’ils aiment la recherche appliquée, je leur recommanderais également de travailler dans le secteur privé.

Finalement, ils doivent croire en eux-mêmes !